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Orthod Fr
Volume 77, Numéro 1, Mars 2006
78e réunion scientifique de la S.F.O.D.F. Traitements orthodontiques précoces : les résultats justifient-ils les efforts consentis ? (1re partie) |
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Page(s) | 79 - 84 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/orthodfr/200677079 | |
Publié en ligne | 4 octobre 2011 |
Génétique et complexe dento-facial
Récemment, on a pu montrer la responsabilité de mutations simples d'un seul gène dans certaines malformations dentofaciales telles que l'oligodontie, les fentes labiales et palatines et dans quelques syndromes cranio-faciaux comme les syndromes d'Apert, de Crouzon, la dysostose cléidocrânienne... Ces découvertes peuvent amener à surestimer et à simplifier de façon excessive le rôle des gènes dans notre vie quotidienne. Le principe "un gène, une maladie" a été appliqué trop souvent, alors que la plupart des caractéristiques humaines complexes sont établies par un grand nombre de gènes, chacun menant à une prédisposition accrue pour une certaine affection. Que la pathologie soit ou non exprimée dépend de l'environnement auquel l'individu est soumis, autant que de l'intégration d'un gène particulier dans le réseau génétique. La question n'est pas de savoir si un caractère est déterminé génétiquement ou sous la dépendance de l'environnement, mais dans quelle mesure l'environnement et les gènes sont responsables et comment ils interagissent l'un avec l'autre.
Déjà en 1870, Galton, avec ses études classiques de jumeaux, a mis en place le débat nature/environnement, résultant en une grande foi en la "nature". Par la suite, influencé par la théorie de l'évolution, le "pendule" de l'environnement est reparti trop loin en sens inverse. A présent, la tyrannie de l'inné est de retour. Grâce au progrès scientifique exceptionnel de la génétique, on prévoit de nouvelles perspectives sur l'interaction mutuelle des gènes et entre les gènes et l'environnement.
Après le décodage de l'ADN, des travaux supplémentaires sont nécessaires pour expliquer son expression dans le phénotype humain, dans les domaines de la santé et de la maladie. Dès lors, la confrontation des différences phénotypiques avec des données cliniques précises, particulièrement chez les jumeaux, contribuera, autant que l'analyse de l'ADN, à élucider le fonctionnement de nos gènes. Plus que la concordance, la discordance entre jumeaux monozygotes est extrêmement instructive pour déterminer la relation génotype / phénotype ainsi que le rôle des facteurs épigénétiques.
Abstract
Recently mutations in single genes have been found to cause dentofacial deviations like hypodontia, cleft lip and palate, as well as some craniofacial malformation syndromes like Aperts/Crouzon syndromes, cleidocranial dysostosis... These findings may lead to an overestimation and oversimplification of the role of genes in our daily life. The "one gene, one disease" principle has been applied too often, while most complex human characteristics are determined by a large number of genes, each leading to an increased liability for a certain condition. Whether this condition is expressed or not depends upon the environment the individual is exposed to as well as upon the position of a certain gene in the genetic network. The question is not whether a condition is genetically or environmentally determined, but to what extent environment and genes play a role and how they interact with each other. As early as 1870 Galton with his classical twin studies initiated the Nature - Nurture debate, whose immediate result was a great belief in the primacy of "Nature". Later, after Darwin proposed his theory of evolution (1871), the pendulum swung too far in the direction of "Nurture". At present, the dominance of the Nature camp has returned because of exceptional genetic scientific progress. Again new insights are expected that will clarify the mutual interaction of genes and between genes and the environment. After deciphering DNA, scientists need to carry out more research to explain how it is translated into the human phenotype, in health and in disease. Therefore, analysing the phenotypic variance with detailed clinical data - especially in twins - will contribute equally as much as DNA analysis to elucidating the functioning of our genes. More than their concordance, the discordance of monozygotic twins will be extremely instructive for the task of determining the genotype-phenotype relationship as well as for explaining the role of epigenetic phenomena.
Mots clés : Gènes / Oligodontie / Génétique / Jumeau / Dis-concordance / Phénotype / Génotype / Facteurs épigénétiques
Key words: Genes / Oligodontia / Genetics / Twins / Dis-concordance / Phenotype / Genotype / Epigenetic factors
© L'Orthodontie Française, Paris, 2006