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Orthod Fr
Volume 74, Numéro 3, Septembre 2003
76e réunion scientifique de la S.F.O.D.F. La dimension verticale (2e partie) |
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Page(s) | 431 - 457 | |
DOI | https://doi.org/10.1051/orthodfr/200374431 | |
Publié en ligne | 21 novembre 2011 |
Ronchopathie chronique et syndrome de l'apnée-hypopnée obstructive du sommeil chez l'enfant
Les troubles de la respiration des enfants, pendant leur sommeil, sont polymorphes : l'ensemble des pathologies décrites va du simple ronflement isolé sans aucun trouble d'accompagnement chez le ronfleur primaire, en passant par le syndrome de résistance accrue des voies aérifères supérieures jusqu'au syndrome d'apnée-hypopnée obstructive du sommeil (SAHOS) dans lequel les troubles respiratoires s'accompagnent d'une hypoxémie, d'une hypercapnie et de troubles structurels du sommeil.
La respiration buccale est fréquente chez le jeune enfant, de même que le ronflement chronique. La prévalence du ronflement chronique chez l'enfant varie entre 3,2 % et 27 % . Elle reste identique dans les deux sexes. La prévalence du SAHOS de l'enfant varie entre 0,7 % et 3 % . Ces troubles surviennent essentiellement entre 3 et 9 ans, avec un pic entre 3 et 6 ans.
Ces résultats mettent, très généralement, en évidence la disproportion existant entre la croissance adénoïdo-amygdalienne et celle des voies aérifères supérieures.
Le diagnostic différentiel entre ces différentes pathologies s'effectue à partir des signes et des symptômes cliniques présentés, des résultats des analyses céphalométriques, de la polysomnographie, de la polygraphie cardio-respiratoire nocturne et de l'enregistrement vidéographique pendant le sommeil.
Le symptôme caractéristique du SAHOS chez l'enfant est le ronflement.
Une étude synthétique manque, actuellement, qui ferait un point d'actualité sur l'évaluation des travaux conduits sur les troubles du sommeil de l'enfant. On peut, toutefois, définir l'apnée obstructive du sommeil chez l'enfant comme une absence partielle ou totale de ventilation nasale et orale, dont la durée est équivalente au double de celle de leur cycle respiratoire.
Le traitement classique, chez ces enfants qui présentent des troubles sévères de la respiration pendant leur sommeil, consiste, après identification de l'étiologie du trouble, à pratiquer une adénoïdectomie et une amygdalectomie, voire même à utiliser, dans certains cas, une ventilation sous pression positive continue. Les auteurs ont travaillé sur 137 patients de 6 à 9 ans. Le groupe d'étude était composé de 77 enfants ronfleurs chroniques, d'une moyenne d'âge de 7,6 ans. Le groupe contrôle était composé de 60 enfants, d'une moyenne d'âge de 7,2 ans. Une saisie des donnés cliniques et des antécédents médicaux a été réalisée. Un questionnaire a été conçu de façon à déterminer les caractéristiques individuelles de sommeil et de vigilance de chacun des échantillons. Pour compléter l'étude, chaque patient a fait l'objet d'une évaluation céphalométrique de sa typologie faciale, d'une analyse squelettique antéro-postérieure, d'une analyse téléradiographique des voies aérifères supérieures et d'une détermination de la position de l'os hyoïde.
Le symptôme le plus fréquent, qui se retrouve chez l'enfant ronfleur chronique, est un sommeil agité et inquiet, outre l'énurésie et l'hyperextension cervicale pendant le sommeil. Dans la symptomatologie diurne, l'hyperactivité et les troubles du caractère ou du comportement sont, souvent, mis en évidence. L'hypertrophie adénoïdo-amygdalienne et le faciès adénoïdien sont aussi des signes cliniques habituels.
L'analyse céphalométrique a mis en évidence une typologie dolichofaciale ainsi qu'une rotation mandibulaire postérieure, aussi bien vers la classe II par rétrognathie mandibulaire que vers la classe III par déficit maxillaire et/ou excès mandibulaire. Au niveau des voies aérifères supérieures, apparaît une réduction du calibre pharyngien supérieur ainsi qu'une augmentation des calibres pharyngiens moyen et inférieur qui pourraient expliquer la présence du ronflement chez ces enfants.
Abstract
The problems children have in sleeping are manifold; the gamut of disorders that have been described ranges from simple, occasional snoring with no accompanying complications, through the syndrome of increased blockage of the upper airways to the obstructive sleep apnea-hypopnea syndrome (OSAHS) where respiratory difficulties accompanied by hypoxemia, hypercapnia and structural sleep difficulties. Mouth breathing and chronic snoring occur frequently in children, with the incidence of snoring, identical for both sexes, varying between 3.2 and 27%. Difficulties in sleeping begin between the ages of the 3 and 9, peaking between 3 and 6.
These results demonstrate, in a general way, the disparity between growth of the adenoids and tonsils, and upper airway growth. A differential diagnosis between the various pathological possibilities is based on the observed clinical signs and symptoms, analysis of cephalometric radiographs, polysomnography, a nocturnal cardio-respiratory polygraph and a video film taken during sleep.
Snoring is the most characteristic sign of OSAHS in children.
We do not yet have available any synthetic study that would sum up results of studies of sleep disorders in children. Nevertheless, we can define obstructive sleep apnea in children as the partial or total cessation of nose and mouth breathing for a period double that of the normal respiratory cycle.
Classical treatment of children who suffer from severe respiratory difficulties during sleep, after identification of the etiology of the problem, consists of surgical removal of the adenoids or tonsils and, in certain, continuous positive pressure to assist breathing.
The authors of this article have worked with 137 patients between the âges of 6 and 9, 77 of whom were chronic snorers with an average age of 7 years 6 months. The average age of the control group of 60 children was 7 years 2 months. We collected clinical data, medical histories, and distributed a questionnaire to determine individual sleep and vigilance behavior of each child in the sample. To complete our evaluation, we made a cephalometric analysis of facial type, antero-postero skeletal pattern, upper airways, and hyoid bone position.
The symptom that we encountered most frequently in young chronic snorers was agitated and uneasy sleep, sometimes accompanied by bed-wetting and cervical hyperextension. We often found daytime symptoms of hyperactivity and personality or behavioral problems. Hypertrophy of the adenoids, the adenoidal fascia, and the tonsils were also frequent clinical signs.
The cephalometric analyses often showed the patients to be of the dolichocephalic facial type, often with the mandible rotated posteriorly. The children were as likely to be classified as Class II owing to retrognathic mandibles as to be Class III owing to maxillary deficiencies or mandibular excess. At the level of the upper airways, it appears that the development of snoring can be explained by a reduction in the dimensions of the upper pharynges accompanied by an increase in the dimensions of the middle and lower pharynges.
Mots clés : Voies aériennes supérieures / Ronchopathie chronique / Syndrome de l'apnée-hypopnée obstructive du sommeil / Hyperactivité / Dispositifs intra-oraux / Dispositifs d'avancement mandibulaire
Key words: Upper airways / Chronic ronchopathy or snoring / Obstructive sleep apnea-hypopnea syndrome / Hyperactivity / Intra-oral appliances / Mandibular advancement appliances
© L'Orthodontie Française, Paris, 2003